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se figure les deux auteurs et les deux ouvrages comme des sortes de frères aîné et cadet ; les XII chants de l’épopée latine font croire à l’antiquité et à l’authenticité globales des XXIV « lettres » des Poésies homériques ; la comparaison des deux textes grec et latin semble accaparer d’abord l’attention des gens d’école ; puis, adoptée par le christianisme, l’épopée de Virgile devient le seul « livre » païen, en face des deux « livres » chrétiens, Bible et Évangile.

VIe-XIVe siècles après J.-C. — Période byzantine. Quelques auteurs et quelques ouvrages —, Photius et Suidas aux ixe et xe siècles, surtout J. Tzetzès et Eustathe au xiie, — attestent la renaissance des études homériques à Constantinople : le Poète reprend sa place souveraine dans l’éducation de la jeunesse. Les Poésies redeviennent, dans les écoles impériales, non seulement le manuel et modèle des scribes et écrivains, mais le code de recettes mondaines, où le candidat aux charges de la cour peut apprendre le beau ton et les règles du savoir-vivre, ainsi que les moyens de parvenir. Mais les commentateurs sans critique, sans grande science et sans aucune originalité, ne font que recopier ou résumer les théories et les notes des éditeurs antiques et en transmettre les plus étranges affirmations.