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Les Hellènes apprirent ou inventèrent que, dans ces parages, Héraklès avait navigué sur un vase, coupe, tasse ou cruche, pour franchir le fleuve Okéanos ou pour atteindre Gadès la phénicienne. Cette navigation dans la tasse était racontée déjà par les vieux aèdes de la Grèce asiatique et des Iles, Pisandre de Camiros, Phérécyde de Syros, Panyasis d’Halicarnasse. Elle est figurée sur plusieurs vases archaïques : Héraklès, debout, émerge à mi-corps d’une grande amphore portée par les vagues ; il est coiffé de la peau de lion et tient l’arc et la massue.

Dans les mêmes parages de Calypso, l’Héraklès tyrien avait enlevé les troupeaux de Géryon et les avait ramenés, en faisant le tour de la Mer du Couchant ; il suivait, il est vrai, les routes de terre ; mais telles et telles de ses étapes figurent aussi parmi nos étapes odysséennes : au pays des Cyclopes, il avait construit la digue du Lucrin, pour le passage de ses bœufs, et chassé les Géants du pays cuméen.

Il est donc possible que, du périple sémitique au poème grec, le passage se soit fait, non pas directement, mais par intermédiaire, peut-être même par plusieurs intermédiaires, les uns sé-