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elle était de style purement égyptien ». Sur les monnaies d’Érythrées, figure, en effet, une statue que les archéologues disent « phénicienne de style égyptisant ». Le dieu est très différent de l’Héraklès grec : nu, sans la peau de lion, son hellénique emblème, il est debout, les jambes collées ; sa main droite brandit une arme au-dessus de sa tête, comme les Pharaons d’Égypte brandissent les leurs ; dans la main gauche, il tient un sceptre ou une lame, comme les divinités égyptiennes. Érythrées, dans le détroit de Chios, fut sûrement une station des Phéniciens.

C’est le même dieu que représentent de nombreuses intailles retrouvées au pourtour italiote et sicilien de la Mer du Couchant : à demi couché sur le plancher d’un radeau, auquel des cruches sont pendues, cet Héraklès marin a dans la main droite sa massue pour gouvernail ; sa main gauche tendue tient l’écoute de la voile… Calypso charge des outres sur le radeau d’Ulysse, pour contenir et maintenir au sec les provisions du voyage : « une outre de vin noir, une plus grosse d’eau et, dans un sac de cuir, les vivres pour la route, sans compter les douceurs ».

En ces intailles, les archéologues s’accordent à reconnaître un travail de mains grecques et d’époque archaïque. Mais les attributs qui en