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laquelle il reviendra par les Bouches d’Ithaque. À ces Sept Bouches de la Mer du Couchant, on peut rattacher les autres aventures chez Éole, chez Circé et à la Porte des Morts.

Car Éole est le guetteur à l’entrée des Bouches de Messine, et l’île de Circé est la guette, où les navigateurs viennent reconnaître les monts de Sardaigne avant de quitter le cabotage de la terre italienne et de se lancer en haute mer vers les Bouches des Lestrygons. Quant à la Porte des Morts, outre qu’elle n’est qu’une dépendance de la terre de Circé, l’épouvantail de cette terre (le héros part de l’île de Circé pour se rendre chez Tirésias, et revient chez Circé, avant de poursuivre son voyage), n’est-ce pas aussi la Bouche de l’autre monde par laquelle les ombres évoquées reparaissent dans le nôtre et viennent retrouver dans le sang des victimes le sentiment et la parole ?

Tout compte fait, il semblerait qu’en ces mers occidentales, le héros ayant eu dix grandes aventures (Phéaciens, Lotophages, Cyclope, Aiolos, Lestrygons, Circé, Pays des Morts, Sirènes, Ile du Soleil, Calypso), sept prennent place en des Bouches, et toutes les dix peuvent se grouper autour de ces sept Bouches. Ce chiffre sept correspond-il à la réalité ?

La Mer du Couchant n’a pas sept Bouches seulement. Au long de la côte italienne, les îles