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anciens usages, quelqu’atroces et sauvages qu’ils pussent être, c’est une hypothèse que rend vraisemblable et presque certaine la survivance des sacrifices humains jusqu’aux temps classiques. La tradition grecque se souvenait des repas royaux où des rivaux, — non pas même des ennemis, — se servaient les membres de leurs fils, et les Arcadiens, les Latins d’Albe et les Celtes des premiers siècles avant notre ère offraient encore à leurs dieux des victimes humaines. Or, tout sacrifice est, à l’origine et durant de longs âges, un banquet où les hommes se réjouissent des mêmes rôtis qui plaisent à leurs dieux…

Comme son malheur chez les Lestrygons, la plupart des aventures d’Ulysse lui adviennent en un détroit, en une « bouche » de la Mer du Couchant. Comme les Bouches de Bonifacio par les Lestrygons, les Bouches de Gibraltar sont tenues par Calypso, les Bouches de Nisida par le Cyclope, les Bouches de Capri par les Sirènes, les Bouches de Messine par Charybde et Skylla, les Bouches de Djerba par les Lotophages et les Bouches de l’Adriatique par les Phéaciens.

Au total, sept des aventures odysséennes ont pour théâtres sept portes de cette mer Occidentale, dans laquelle Ulysse est entré faute d’avoir passé les Bouches de Cythère et de