Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

alors : « Les Zélandais sont un peuple bien abominable, si les Français se comportèrent honnêtement à leur égard. Malgré tous ces meurtres, ils ne se vengent que lorsqu’ils sont outragés. Il est donc probable qu’on leur fit quelque insulte ou quelque outrage… ». Les gens d’Europe ne voulaient pas croire alors à tant de méchanceté dans la nature humaine : leurs philosophes à la Jean-Jacques leur enseignaient que les sauvages ont le privilège de toutes les vertus ; on traitait de fables les histoires de cannibales.

Il fallut, pour convaincre Cook lui-même, le massacre et le festin que ces mêmes Zélandais firent de son équipage de l’Aventure.

Nombre de nos contemporains pensent encore que jamais les côtes de Naples et de la Sardaigne n’ont pu porter des Cyclopes et des Lestrygons qui mangeaient les navigateurs. Or, l’antiquité classique a connu des anthropophages non seulement en Asie et en Afrique, mais en Europe ; au temps d’Hérodote, l’hinterland des Scythes est le pays des « Anthropophages nomades qui ont les mœurs les plus cruelles de l’humanité » ; au temps de Strabon, les Irlandais se nourrissent encore de chair humaine.

Qu’aux temps homériques, certaines tribus des îles du Couchant aient conservé leurs