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Les Zélandais, — raconte Cook en son Troisième Voyage, — ont été des ennemis très dangereux pour tous les vaisseaux qui ont abordé sur leurs côtes. Tasman, qui découvrit cette contrée en 1642, perdit quatre hommes dans la Baie des Assassins ; les naturels emportèrent un des morts sur leurs pirogues ; ils ont tué dix hommes à l’Aventure, en 1773 ; l’année auparavant, ils avaient assassiné M. du Fresne-Marion et vingt-huit personnes de son équipage. La nécessité avait contraint M. Marion de mouiller dans la Baie des Iles. Comme son vaisseau était démâté, il fut obligé de chercher de grands arbres et de pratiquer un chemin de deux ou trois milles à travers les forêts les plus épaisses. Pendant ce travail, un détachement remplissait les futailles, et un second allait couper du bois. Les Français vivaient, depuis trente-sept jours, en bonne intelligence avec les naturels, qui offraient librement leurs femmes aux matelots, lorsque M. Marion descendit pour visiter les différents travailleurs. Après avoir passé quelque temps au milieu d’eux, il se rendit à l’hippa ou fortification des naturels ; il y fut massacré, ainsi que les gens de sa suite.

Détroit, aiguade, grands bois, route forestière, que manque-t-il à ce paysage de Lestrygons ? Dans le fond, la ville forte, juchée sur une sorte de promontoire, est cachée par les arbres ; ses habitants vivent surtout de pêche.

Les Français eurent la preuve que Marion et ses gens avaient été mangés. Cook concluait