Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.

contra dans la Mer du Couchant : les nymphes amoureuses et hospitalières d’Anamocka et les anthropophages de Nouvelle-Zélande n’ont rien à envier aux Calypso et aux Lestrygons du Poète, et la terre fleurie des Lotophages a-t-elle jamais valu cette Tahiti, cette Nouvelle-Cythère, dont un siècle et demi de descriptions enthousiastes ou sensibles n’a pas encore épuisé le charme sur le cœur ou les rêves de nos écrivains ?

Quiros, dès 1606, avait vanté cet archipel de la Belle Nation et ses femmes « d’une rare beauté, au teint de lys et de rose sous un climat brûlant ». Wallis, en 1767, retrouvait cette île fortunée où, dès l’atterrissage, les beautés les plus provocantes venaient offrir leurs faveurs à tout venant. Quelques jours plus tard, le canonnier ramenait à bord une des reines de l’île, « grande et belle femme, qui paraissait âgée de quarante-cinq ans, d’un maintien agréable et d’un port majestueux ». Cette bonne reine invite le commandant et ses officiers et les reçoit aussi magnifiquement que Circé et ses quatre nymphes ont reçu jadis le fils de Laerte. Le canonnier devient l’intermédiaire entre le vaisseau et la terre. Il porte à la reine les présents du capitaine, six haches, six faucilles et d’autres instruments en fer qui font l’admiration de tout le peuple ; en cette île, le fer est encore inconnu ; on ne se sert d’instru-