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et la vente, suivant le désir du client, et permettait le renvoi aux Commentaires, dont les Alexandrins accompagnaient leurs éditions : la notation B 293, par exemple, nous permet encore un renvoi commode au vers 293 de la seconde lettre de l’Iliade.

On ne saurait trop dire et redire que les contemporains de Socrate et de Platon n’ont jamais lu un Homère ainsi disposé. C’est à l’école des Alexandrins que nous avons appris à lire Homère comme nous lirions la suite des tragédies de Corneille ou de Racine si, éditées bout à bout, elles étaient séparées, non plus en pièces, actes et scènes, mais en tomes, pour former deux douzaines de volumes.

Il faudrait que cette notion dominât désormais les études homériques : l’alphabet grec n’a compté XXIV lettres qu’à partir du ive siècle ; les Anciens se souvenaient — et nous voyons sur les inscriptions — que la « vieille écriture » des viiie-ve siècles ne comportait que 20 ou 22 lettres ; les lois d’Athènes n’ont adopté la « nouvelle orthographe » à 24 lettres que l’an 403 avant notre ère ; au temps de Périclès, ni l’Iliade ni l’Odyssée ne pouvait être disloquée en XXIV chants. Il faut donc rétablir la division organique en épisodes, qui prévalait encore dans l’Athènes des ve et ive siècles et que l’on peut restituer.