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derniers siècles, envoyèrent leurs descobridores d’abord, puis leurs conquistadores, puis leurs gens de course et de main, puis leurs explorateurs et savants, enfin leurs colons et commerçants dans cette Mer du Sud, où subsistent encore aujourd’hui les anthropophages de l’Australie et les nymphes tahitiennes, — les Lestrygons de Cook et les Circés de Bougainville.

Durant cent ou cent cinquante ans (1500-1650), les Espagnols en firent la découverte, puis la conquête première. Durant cent cinquante ans encore, les corsaires et flibustiers des autres nations s’y ruèrent. Ce ne fut pas avant la seconde moitié du xviiie siècle que ces eaux connurent le règne de la loi et que, sauf le cas de guerre déclarée, les marines européennes n’y firent plus assaut que de ténacité pour l’exploration scientifique.

De Magellan (1520) à Cook et Bougainville (1764), durant deux siècles et demi, l’opinion commune avait été qu’au Sud de l’Asie une immense Terre australe devait tenir la place symétrique de l’Afrique, au Sud de l’Europe, et de l’Amérique méridionale, au Sud de l’autre Amérique. Les premiers Espagnols avaient baptisé ce continent Terre du Saint-Esprit. Les Hollandais croyaient en avoir suivi les deux façades opposées sur la rive orientale