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longtemps qu’un habitant de Batavia a été fouetté, marqué et relégué sur une île presque déserte, pour avoir montré à un Anglais un plan des Moluques. Ils prennent les plus grandes précautions pour tenir secrètes les cartes des mers sur lesquelles ils naviguent. Il est vraisemblable qu’ils en grossissent les dangers ; du moins, j’en vois peu dans les détroits de Button, de Saleyer et dans le dernier passage dont nous sortions, trois objets dont à Boero ils nous avaient fait des monstres.

« A l’origine, — dit Strabon, — les seuls Phéniciens faisaient le commerce des Cassitérides, en partant de Gadès et en cachant à tous leur navigation. Des Romains s’étant mis dans le sillage d’un pilote phénicien afin de connaître ces comptoirs, le pilote échoua de plein gré son vaisseau et fit du coup échouer les Romains qui le suivaient. Il échappa au naufrage et reçut, par la suite, du trésor public de Carthage, le prix des marchandises qu’il avait perdues ».

Avant d’arriver aux mers océanes de l’Extrême-Occident, les Phéniciens avaient appliqué les mêmes méthodes dans la Mer intérieure : « Les Carthaginois, — dit encore Strabon, — coulaient tous les navires étrangers qu’ils rencontraient autour de la Sardaigne ou des Colonnes : d’où le manque de certitude des renseignements que l’on peut avoir sur ces eaux du Couchant. »