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vers 215), publient, à un demi-siècle de distance environ les uns des autres, leurs trois éditions scientifiques d’Homère. Les Bibliothèques d’Alexandrie leur fournissent tous les moyens de comparaison et de choix entre les manuscrits qui circulent dans le monde hellénique et qui varient grandement les uns des autres, non seulement pour la correction, mais aussi par le contenu, surtout par le nombre des vers que les uns attribuent généreusement au Poète et que les autres lui refusent.

Les Alexandrins, les premiers, découpent chacune des deux Poésies en XXIV tranches, qu’ils appellent lettres, parce que ce découpage arbitraire n’est pour eux qu’un groupement de vers, numéroté suivant les XXIV lettres de leur alphabet, qui leur servent de chiffres. Les Latins disent ensuite livres ; les Modernes disent chants, et, depuis, ces mots impropres ont beaucoup contribué à répandre dans tout l’Occident l’idée la plus fausse sur la composition première des Poésies homériques et sur la nature même de l’épopée.

Jusqu’à nous, les éditeurs et traducteurs d’Homère ont conservé ce découpage artificiel et commercial : il n’était fait que pour la commodité du copiste et du lecteur antiques.

Cette répartition des vers entre les divers rouleaux de manuscrits facilitait la fabrication