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qu’en une certaine pose, avec un geste d’épouvante ?

Jusqu’aux temps les plus récents, les « maîtres de la mer », les thalassocrates successifs ont propagé des contes effrayants plus volontiers que des routiers exacts ; toujours, ils ont tâché de garder secrets leurs livres et renseignements de navigation. Avec un soin jaloux, les thalassocrates du xvie siècle, Vénitiens d’abord, Portugais et Espagnols ensuite, Hollandais enfin, ont essayé de cacher les itinéraires et les relâches de leurs flottes vers l’Extrême-Orient ; ils s’espionnaient les uns les autres, s’efforçaient de se dérober réciproquement leurs secrets, se débauchaient leurs capitaines, leurs cartographes et leurs pilotes, puis pensaient maintenir leur monopole en faisant planer le mystère et la terreur sur leurs propres connaissances et découvertes :

Les Portugais, — écrivait Pigafetta en 1525 (p. 163), — ont débité que les îles Moluques sont placées au milieu d’une mer impraticable à cause des bas-fonds qu’on rencontre partout et de l’atmosphère nébuleuse et couverte de brouillards. Cependant nous avons trouvé tout le contraire et jamais nous n’eûmes moins de cent brasses d’eau jusqu’aux Moluques mêmes.

Tous les moyens semblent bons contre la concurrence de nouveaux-venus : on n’a pas