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Le lieutenant, fier et hardi,
Lui répondit : « Capitaine, oui ! »…

Au chant XIV de l’Odyssée, le pirate crétois nous donne le vrai ton des chansons et des histoires à la « matelote » :

Arès et Athéna m’avaient pourvu d’audace, et de muscles aussi ! Quand, avec ma poignée de braves bien choisis, je m’en allais planter des maux aux adversaires, ah ! ce n’est pas la mort que voulait regarder mon cœur toujours allant ! Je courais bon premier, je bondissais en tête, et ma lance abattait tout ce qui, devant moi, ne savait pas courir… Mais, si brave au combat, je n’avais aucun goût pour le travail des champs : ce que j’aimais, c’étaient les rames, les vaisseaux, les flèches, les combats, les javelots polis ; tous les outils de mort, qui font trembler les autres, faisaient ma joie ; les dieux m’en emplissaient le cœur !

Est-ce le Poète grec qui a extrait une litanie d’horreurs des documents qu’un ou plusieurs textes sémitiques lui mettaient sous les yeux ? aurait-il à dessein choisi les parages dangereux et les peuplades féroces, pour ne montrer à son auditoire que les épouvantes de la Mer du Couchant ?… Faut-il supposer au contraire qu’il n’eut pas l’embarras du choix, les Sémites lui ayant fourni, non pas un périple ou des périples complets, mais une anthologie tendancieuse et comme une série de blocs déjà triés et dégrossis, d’où la statue ne pouvait sortir