Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans le périple d’Hannon, nous retrouverions une pareille suture entre les étapes : « Sortis de là, nous naviguons vers… ». Mais de ce texte carthaginois au texte homérique, il faut noter trois ou quatre différences essentielles.

Première différence. Le périple d’Hannon nous donne presque toujours l’orientation de la marche : « De là, nous avons navigué vers le Midi… De là nous allions devant (devant est ici la transcription grecque du mot sémitique qui signifie vers l’Est) »… Dans les Récits, il semble que le Poète n’ait pas connu les positions respectives des contrées qu’il décrivait. Pour la Terre des Morts cependant, il sait que l’on y va depuis Circé par vent de Nord ; il sait aussi que les mêmes vents de Nord conduisent de Circé vers les Sirènes. Mais, nulle part, il ne nous donne l’orientation précise des marches et contremarches de son héros : la seule terre de Calypso lui apparaît nettement dans le Far West, au fond du Couchant : il faut dix-sept jours pour en revenir, « en tenant toujours le Nord sur sa main gauche », donc en naviguant d’Ouest en Est.

La seconde différence est que le périple d’Hannon enregistre le plus souvent la longueur de l’étape : « Durant douze jours, nous côtoyons la terre… Nous longeons le désert vers le Sud durant deux jours… Nous contournons ces