En arrivant devant Skylla, Ulysse n’en fait qu’à sa tête : « Car j’avais oublié qu’en ses tristes avis, Circé m’avait enjoint de ne pas endosser mes armes glorieuses ; je les revêts ; je prends en main deux longues piques et je vais me poster au gaillard de l’avant… ».
A l’entrée du détroit de Messine, les Instructions nautiques décrivent la ville et la forteresse de Scylla, perchées sur une pointe aiguë de la côte italienne : « Cette ville est bâtie en amphithéâtre sur les falaises escarpées d’une pointe saillante au Nord. De juillet à septembre, on fait sur cette côte la pêche à l’espadon ». Le savant et consciencieux Spallanzani décrivait, il y a cent trente ans, les deux sortes de monstres que l’on rencontrait, que l’on rencontre encore dans les eaux de Scylla, — le chien de mer et l’espadon :
Les chiens de mer appartiennent au genre des squales : ce n’est qu’accidentellement qu’on en prend dans le détroit de Messine, soit parce qu’ils n’ont pas de passages réguliers et périodiques, soit parce que leur chair coriace n’est pas bonne à manger et qu’il y a toujours du danger à les attaquer. Leur hardiesse est si grande qu’ils vont assaillir les hommes jusqu’à l’intérieur du port. Un pêcheur, s’y baignant un jour, fut