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ou du site ; on peut surtout découper, dans les cartes les plus détaillées de nos marins, les contours des terres, qui semblent tout aussitôt avoir été dessinés pour le besoin de cette démonstration.

Ces vues contiennent néanmoins quelques inexactitudes et de petites erreurs, qui sont toutes, d’ailleurs, de même nature et de même origine : le Poète n’a pas mis en leur vraie place certains traits ou détails du tableau ; il les a transportés à quelques centaines ou milliers de pas de leur gîte réel. La Cyclopie a la source aux Trembles et la Prairie aux terres profondes dont il nous parle ; mais l’une et l’autre sont à la côte de la terre ferme ; il les met, lui, dans la Petite Ile en face. De même, les quatre sources et la prairie et les arbres morts de Calypso ne sont pas dans l’Ile du Persil où il les décrit : il faut aller chercher les uns et les autres au-dessus ou au delà du promontoire voisin.

C’est lui qui, sans le vouloir, a déchaîné la tempête archéologique, qui souffle aujourd’hui sur la malheureuse Ithaque. On connaît ces récentes théories : les médecins de Molière, plaçant le cœur à droite et le foie à gauche, se font une gloire de « changer tout cela » ; Ithaque, dans le monde des archéologues, n’est plus Ithaque ; c’est notre île de Leucade qui est