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nature remarquable, de profil exceptionnel que nous décrit Strabon.

Au pays de Circé, l’horizon terrien a la même étroitesse : l’île côtière, son port secret, sa grotte, sa haute guette, sa rivière du Cerf, ses forêts et son maquis apparaissent au premier plan et, derrière, avec un relief très net encore, le sanctuaire et les rites de la Déesse des Fauves ; en ces temps reculés, la mer ou, du moins, les navigateurs montaient jusqu’aux abords de la maison sacrée, où ils rencontraient les caravanes indigènes… Mais derrière le temple, rien ne fait soupçonner une vaste contrée, l’échine des Monts Lepini chargée de ces vieilles et fortes villes italiotes, Setia, Norba et Velitræ, qui ont subsisté jusqu’à nous, et le cône gigantesque du Monte Cavo, et les murs d’Albe-la-Longue qui devaient exister déjà, et le Tibre et son gué fréquenté des marchands, où plus tard, Romulus installera sa bande de voleurs. À nos yeux, comme dans l’esprit et les vers mêmes du Poète, ce pays de Circé ne tient qu’à la mer : « cette île, que le flot couronne à l’infini », semble ne toucher nulle part au reste du monde.

Bornées à la frange maritime, les vues odysséennes sont d’une incontestable vérité : on peut, à côté de chacune, mettre les photographies qui, aujourd’hui encore, nous rendent les particularités caractéristiques de la région