Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— le Peloros, où Charybde et Skylla se partagent les cadavres et les dépouilles des naufragés, — jusqu’au Port Creux et jusqu’à la Plage du Soleil, où paissent les grands bœufs à robe de flamme, il nous donne les plus grands détails sur les dangers et les abris, les ressources, les cultes, la pêche, la chasse, la vie côtière et maritime de cette rive sicilienne. Mais l’Etna, qui la domine de ses neiges ou de ses feux étincelants, n’apparaît pas au fond de l’horizon.

Le Poète a traité de même la rive des Cyclopes. Leur Ile Petite et son port clos, leurs « yeux ronds » et leurs sourcils de forêts, leurs explosions et leurs colères, leurs jets de pierres et leurs gémissements nous sont amplement, minutieusement, presque scientifiquement décrits. Si, derrière cette côte volcanique de Pouzzoles et de la Solfatare, le Mont du Borgne, Gauros, se laisse deviner à l’aventure de Polyphème, c’est que son piton, visible de toutes parts, peut servir de guide aux caboteurs du golfe et de la grande mer. Mais on chercherait en vain la haute silhouette du Vésuve, dominateur de cette terre : le Vésuve n’entra en fureur que neuf ou dix siècles plus tard ; aux temps homériques, il n’était pas encore en période d’activité ; c’était déjà néanmoins la montagne imposante, de forme originale, de