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Tous les épisodes des Récits impliquent cette vision particulière des gens de mer, avec les précisions, mais aussi les erreurs qui leur sont propres. Ce ne sont jamais que des vues de côtes, telles que les Instructions nautiques et les cartes marines nous les donnent, et non pas des vues de pays, telles que les terriens les ont toujours reproduites en leurs géographies et nomenclatures. Tout périple énonce avec un soin méticuleux les particularités d’un rivage, caps, îlots, baies, anses, villes et mouillages. Mais la seule ligne des côtes, la seule frange maritime est ainsi traitée.

Que l’on prenne dans le périple de Skylax la description des rivages de Sicile, en particulier de la côte orientale entre Messine et Syracuse.

Les géographes de l’antiquité, comme ceux d’aujourd’hui, notaient d’abord sur cette côte la masse, le profil, les neiges et les fumées de l’Etna : « L’Etna, — dit Strabon, — domine la rive du détroit et le pays de Catane, mais aussi la mer Tyrrhénienne et les îles des Liparéens. La nuit, une lueur brillante monte du sommet ; le jour, c’est une fumée et une nuée qui le couronnent ». Le vieux périple ne mentionne même pas l’Etna… Le Poète nous décrit ces mêmes parages à la façon de Skylax, et non pas de Strabon. De la Pointe du Monstre,