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continuaient de faire construire pour leur flotte du Levant.

C’est de la mer aussi et de ses gens que le Poète grec a reçu nombre de mots étrangers, soit comme noms de lieux et noms propres, soit comme noms communs. On en pourrait dresser un assez ample vocabulaire et montrer comment il faut, en outre, recourir aux notions et théories des Phéniciens ou de leurs maîtres d’Égypte pour expliquer nombre de formules et de métaphores homériques.

Il est vrai que, pour mesurer cette influence des marins étrangers sur la langue du Poète, il nous manque peut-être quelques textes de comparaison. Il se peut que tous les Hellènes ses contemporains aient alors usé d’une langue pareille : dans la bouche des seigneurs achéens ou des colons d’Ionie, les mots et expressions sémitiques tenaient peut-être la place que tiennent les expressions et mots français dans le langage des Grecs d’aujourd’hui.

Pour le fond, on ne saurait être trop affirmatif : les aventures d’Ulysse ne contiennent pas de descriptions imaginaires, ni même, dans chacun de leurs paysages, de détail purement fantaisiste. Strabon et les Plus Homériques avaient raison d’« ajouter foi à toutes ces histoires, de croire à l’érudition du Poète ». En attachant un sens à tous les mots du texte, en bannissant les