fabuleux ? Ne se comprennent-elles pas au contraire, si le Poète servit de guide aux navigateurs, si ses Récits préexistaient à leurs périples ?
On sait la place que tenaient les Poésies homériques dans l’éducation populaire des Hellènes. Les aventures d’Ulysse étaient présentes à la mémoire de tous les compagnons-matelots. En arrivant dans les mers du Couchant, les premiers explorateurs grecs rencontrèrent dans les noms de quelques « témoins » la Méditerranée décrite par le poète : en bonne place, les noms de Charybde, de Skylla, d’Éole, des Sirènes et d’Aiaié leur donnaient l’habitat de ces monstres et demi-dieux. Mais quand leurs navigations ne les conduisaient pas aux gîtes véritables, ils n’en localisaient pas moins l’onomastique odysséenne et l’appliquaient à des sites qu’elle n’avait jamais désignés. Ils avaient donc emporté de leurs ports d’attache cette nomenclature. Le Poète était leur moniteur : il ne fut pas leur disciple.
L’étude des deux onomastiques odysséenne et grecque conduit aux mêmes conclusions que celle des sites au couchant : elles diffèrent de nature et d’origine.
Les premiers navigateurs grecs retrouvèrent et reproduisirent certains noms primitifs, que le Poète avait connus, mais qu’il avait transcrits