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bolisaient les dangers du détroit sicilien. Ils affirmèrent, en fin de compte, que tous les lieux décrits par Homère devaient correspondre à des théâtres de l’histoire véridique et du monde tel qu’ils le connaissaient.

Les Cimmériens durent habiter au fond de la mer Noire, au delà du Bosphore Cimmérien, vers le Nord, dans la nuit polaire, et la Circé odysséenne devint la sœur de leur Médée, puisque toutes deux devaient être les filles ou les sœurs d’Aiétès, roi de leur Colchide.

Les moindres analogies leur suffirent. Ulysse leur enseignait que le Cyclope est un lanceur de rochers, « moins semblable à un homme qu’à un pic forestier » : dès qu’ils connurent l’Etna, ils découvrirent à ses pieds les rochers de Polyphème et, les Lestrygons leur semblant proches parents des Cyclopes, ce fut en ces mêmes régions de l’Etna, dans la campagne de Léontini, que certains découvrirent sans autre raison la Lestrygonie. L’île de Calypso leur apparut, on ne sait pourquoi, sur la côte italienne, en face de Crotone : le périple de Skylax la signale en ce point.

Ces localisations erronées, cette géographie tout imaginaire, auraient-elles été possibles ou, du moins, admises sans conteste, si quelque périple grec eût enseigné aux navigateurs grecs, comme au Poète, le gîte véritable de ces pays