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leurs mulets, non plus leurs chars, prennent au revers des monts la passe que suit aujourd’hui le chemin de fer.

La plupart des régions odysséennes offrent la même opposition entre le site décrit par le Poète et quelque endroit du voisinage où les marines classiques ont eu plus tard leur embarcadère. Ce n’est pas sur l’île de Circé, c’est à Terracine que les Hellènes viennent trafiquer. Ils ne font pas de la Petite Ile des Cyclopes (Nisida) « une ville bien bâtie » et ne montent pas à la Caverne de Polyphème ; mais, installés à Cume d’abord, puis à Naples, ils exploitent tout à la fois le plateau des Yeux Ronds par le commerce et les champs de Campanie par le labour. À quoi bon les Iles des Sirènes pour surveiller le détroit de Capri, quand on a terres, ville et port sur le rivage de Pæstum ? Éole perd son sceptre, et son Ile Haute de Stromboli perd son rôle, du jour où les Hellènes font de Lipari le bazar des Sept-Iles. Depuis les Phéaciens, jamais la ville d’Alkinoos, sur la côte occidentale de Corfou, n’a retrouvé son renom et sa prospérité : la population et le trafic se sont toujours portés sur la côte orientale, où les Corinthiens viennent fonder leur colonie de Corcyre.

Presque partout, on peut noter un pareil contraste entre les sites grecs et odysséens. Ils