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au rivage et au peuple voisins : c’est ainsi que nous donnons le nom d’Algérie et d’Algériens à un immense territoire et à tout son peuple, parce qu’Alger en est le port ; mais « Alger » est le nom que ce port reçut jadis des Arabes, à cause des tout petits îlots, Al-Djezaïr, qui se dressaient au devant et que nos môles ont aujourd’hui soudés à la rive.

Quand, au viie siècle de notre ère, les Hellènes fréquentent les eaux de la Corse et de la Sardaigne, ce n’est pas cette côte sauvage du détroit qui attire leurs comptoirs et que décrivent leurs auteurs de périples. Au iiie siècle, ils savent, d’après le périple de Skylax, que la Sardaigne, voisine de la Corse, en est séparée par 1/3 de jour de navigation et que, dans l’intervalle, il est une île inhabitée. Mais ils ignorent la Pierre Colombière, son Port Profond et la route, par où les chars, au temps d’Ulysse, amenaient à la côte les bois du haut des monts. Ils ne savent plus rien de cette Lestrygonie ; jamais ils n’ont connu même ni soupçonné le site de la Télépylos homérique, la haute ville de Lamos, où régnait Antiphatès le Lestrygon. C’est ailleurs qu’ils viennent trafiquer avec ces montagnards du Nord : au fond de la rade actuelle de Terranova, sur la côte sarde du Levant, ils ont fondé leur colonie d’Olbia, « l’Heureuse » ; leurs caravanes et