Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

disait Strabon, — ont fourni ses renseignements au Poète ; car, avant les temps homériques, ils occupaient déjà la meilleure part de l’Ibérie et de la Libye… Le Poète connut leurs multiples expéditions jusqu’aux extrémités de l’Espagne : les Phéniciens l’en avaient instruit ». On peut affirmer, je crois, que ces renseignements parvinrent aux Grecs homériques en des livres écrits, non pas seulement en des conversations orales.

Un mot du Poète me paraît être là-dessus d’une valeur primordiale.

Ulysse, ayant franchi Skylla et Charybde, entre au Port Creux, qui est notre rade de Messine, sur le bord de l’Ile du Soleil, qui est notre Sicile. À travers l’antiquité, tous les poètes, historiens et géographes de la Grèce et de Rome donnèrent à cette île, dont leurs marins fréquentaient les eaux et dont leurs colons occupaient les rivages, le nom fort juste de Trinakrie, « l’Ile aux Trois Pointes » ou, pour mieux dire, « l’Ile aux Trois Angles », l’Ile du Triangle.

Depuis l’antiquité jusqu’à nous, tous les géographes dans leurs livres, tous les navigateurs dans leurs Instructions et jusqu’à nos plus petits élèves des écoles primaires dans leurs jeux se sont transmis cette comparaison, qui correspond le plus exactement qu’il soit