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la même importance et le même renom au détroit de Lipari-Vulcano, à la passe des Deux Pierres.

La première vue de carte montre que, parties de la côte italienne, les deux routes de Circé convergent au delà du triangle sicilien, non pas vers Ithaque et les eaux grecques, que veut atteindre Ulysse, mais vers cette pointe de l’Afrique du Nord où s’éleva, au ixe siècle avant notre ère, la Ville Neuve des Sémites de Phénicie, Carthage, où les mêmes Sémites avaient fondé dès le xiie siècle leur vieille ville d’Utique.

Circé était donc comme la correspondante et l’élève des pilotes d’Utique : c’est d’eux qu’elle a reçu le savoir, dont nous constatons, après trois mille ans, l’exacte précision dans cette partie de notre Odyssée qui a pour titre les Récits d’Ulysse chez Alkinoos : le texte du Poète, qui a rédigé ces Récits, est grec ; la source en est phénicienne.

Entre le Poète et les gens d’Utique ou leurs métropolitains de Tyr et de Sidon, cette exactitude et cette précision mêmes impliquent nécessairement un texte écrit et une traduction du phénicien au grec. Telle était, durant l’antiquité, l’opinion des « Plus Homériques », de ceux qui se flattaient d’étudier les œuvres du Poète en leurs moindres détails : « Les Phéniciens, —