Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais le chauve rocher, chaque fois, en prend une que Zeus doit remplacer pour rétablir le nombre. La seconde ne s’est jamais laissé doubler par un vaisseau des hommes ; mais, planches du navire et corps des matelots, tout est pris par la vague et par des tourbillons de feu dévastateur.

L’autre route, — dit Circé, — mène entre les Deux Écueils de Charybde et de Skylla. C’est celle que prend Ulysse : tous les mots de la description et de l’aventure odysséenne conviennent à la géographie et à la nomenclature de ce détroit de Messine, qui, depuis trois mille ans, conserve, sur sa rive gauche, le rocher de Skylla et, sur sa rive droite, le gouffre de Charybde…

Mais où sont les Deux Pierres que les dieux, non pas les hommes, appellent Planktes et que Circé déclare grandes et « pointues » ou « voûtées », car tel est le double sens possible de l’épithète homérique épèréphées ? J’ai traduit par « pinacle », en souvenir d’un rocher marin de Jersey, qui porte ce nom et le mérite. L’une doit être proche d’un torrent de feu. L’autre est évitée par les oiseaux. Je les avais cherchées, pendant près de vingt ans, dans les eaux italiennes et siciliennes, dans tous les auteurs anciens et modernes, dans nombre de livres et de cartes des géographes et hydrographes, dans les récits et journaux de bord d’une cin-