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encore, mais ne savaient plus où localiser au juste.

Les Cyclopes habitaient cette Oinotrie, à la côte Nord du golfe de Naples. Ils y avaient leur Petite Ile, Nisida, dans laquelle Ulysse fit une si belle chasse. Leur pays, que les Anciens nommaient Champs Phlégréens, est troué de grands yeux, les uns éborgnés, aveugles ou vidés, les autres pleins d’eaux luisantes ou de verdures, tous, anciens cratères ou effondrements volcaniques, dont les feux, les fumées, les jets de pierre, les rots et les vomissements (on sait comment Polyphème les reproduit impudemment) ont effrayé ou effraient encore le voisinage. Sous le Pausilippe voisin, s’enfonce la profonde et haute caverne où Polyphème enfermait ses troupeaux ; c’est là qu’il dévora les compagnons d’Ulysse. Dans le détroit entre la Petite Ile et la terre ferme, se dressent encore les deux pierres dont il essaya d’écraser le navire achéen. Non loin de là, Cume de Campanie, — la plus vieille ville de l’Italie, disaient les Anciens, — est cette Ville Haute, persécutée par les Cyclopes, que le Poète appelle « Hypérie aux vastes campagnes » : les deux noms Hypérie-Cume forment encore le plus précis des doublets gréco-sémitiques.

Nous savons que les Phéniciens exploitaient alors ces eaux du Couchant, qu’ils en avaient