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Or toutes les aventures d’Ulysse ont pour pareils théâtres ces côtes de la mer du Couchant, que n’avaient ni vues de leurs yeux ni connues par leurs navigateurs le Poète et ses auditoires : le texte odysséen nous décrit néanmoins ces rivages avec une précision et une exactitude si grandes que non seulement on peut toujours mettre en regard les renseignements de nos Instructions nautiques, mais que, parfois, il faut recourir à la photographie des sites pour comprendre et traduire tous les mots du Poète.

Veut-on retrouver le pays de Calypso et celui des Cyclopes ? Il suffit de chercher quel peut être l’équivalent hébraïque de leurs noms grecs. L’Ile de Calypso, Nésos Kalupsous, est l’« Ile de la Cachette » ; l’hébreu dirait I-spania : la grotte, les quatre sources et les arbres de Calypso se trouvent, en effet, dans les parages de l’Espagne ; ses prairies de persil y donnent encore le nom espagnol de Perejil à une île qui borde le détroit de Gibraltar. Les Cyclopes sont en grec les Yeux Ronds (kuklos, cercle, et ops, œil) ; l’hébreu dirait Oin-otra : sur les côtes italiennes, il est un vieux nom de lieu, Oinotria, que Grecs et Latins connaissaient