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La Punta di Leano, du haut de ses 676 mètres, surveille tout le Marais : à quinze kilomètres au devant, la longue et haute échine du Circeo détache en plein ciel, au-dessus du maquis et de la forêt, ses deux pitons de la Guette (541 mètres) et du Sémaphore (448 mètres), au bout de la Strada dei Pescatori qui, toute droite, coupe les terres et les eaux. Une comparaison s’impose à première vue entre ce Circeo et Gibraltar.

L’Ile de Circé, au flanc de la côte italienne, est aussi abrupte, mais un peu moins allongée que le Rock au devant de la côte espagnole. Elle est emmanchée tout différemment à la terre. Mais deux photographies de ces promontoires pourraient presque se superposer. Si l’on veut mesurer la renommée que l’Épervière put avoir dans la bouche des marins aux ixe et xe siècles avant notre ère, il suffit de songer à la popularité du « vieux Gib » dans les discours et les écrits de la gent britannique. Gibraltar est le refuge et la relâche de ces étrangers, leur entrepôt et leur forteresse, leur guette surtout et leur observatoire, Signal Rock ; les deux mots « guette », skopié, et « observatoire », periopé, dominent la description odysséenne, comme, de la Punta di Leano et du temple de Féronia, on voit les deux pitons du Circeo dominer l’horizon sur l’autre rivage des Marais Pontins.