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Fér-onia… Circé, après avoir mis en un bestial esclavage les compagnons d’Ulysse changés en pourceaux domestiques, les libère avec les mêmes cérémonies et les mêmes formules dont use Féronia, libératrice des humains qui vivaient dans la domesticité d’un maître : pour être délivrés de leur servitude animale, les compagnons d’Ulysse « se dressent » debout, eux aussi, devant la déesse.

Chez Féronia, la résurrection de l’esclavage vers la liberté est précédée de la perte des cheveux : le futur affranchi doit se présenter à la déesse, la tête tondue, chauve, ut ego hodie raso capite calvus capiam pileum, dit Plaute. Les compagnons d’Ulysse, quand ils se dressent devant Circé, perdent, eux aussi, leurs soies.

Au-dessus de Féronia, pointe aujourd’hui le Mont des Magiciennes, la Montagne des Fées, Monte delle Fate. Durant l’antiquité, un peuple du voisinage, les Marses, étaient des charmeurs de serpents, des devins, des magiciens : descendants d’un fils de Circé, ils se transmettaient l’art de la déesse ; les auteurs et poètes romains parlent des secrets merveilleux de ce peuple charmeur ; le nom de marsus devint même synonyme de devin et de sorcier ; au début du siècle dernier, leurs arrière-neveux gardaient la même réputation ; ils ne l’ont pas entièrement perdue aujourd’hui.