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di Leano, vers laquelle s’en vient toute droite la route des Pêcheurs, Strada dei Pescatori ; nos cartes marines portent encore ce vieux chemin qui aboutit au vallon de San Benedetto, où la déesse latine des Fauves, Feronia, avait jadis un sanctuaire.

Féronia, — écrit R. Moulin de la Blanchère, — avait son sanctuaire à l’entrée de la Valle, au pied de la Punta di Leano. Là, étaient son bois sacré, sa fontaine, son temple, dont le soubassement en gros blocs a subsisté jusqu’à nos jours. C’est l’une des plus vieilles religions rustiques de l’Italie. On lui rendait un culte barbare dans des bois généralement redoutés. Elle présidait aux affranchissements : on faisait asseoir l’esclave sur une pierre, dans le temple ; on lui couvrait la tête d’un bonnet, pileus, et l’on prononçait la formule : « Assis, esclaves aux bons services !… Debout, hommes libres ! Bene meriti servi sedeant, surgant liberi. »

C’est chez cette déesse, vers ce « vallon sacré » de San Benedetto, que sont montés les compagnons d’Ulysse, puis le héros lui-même.

De Circé à Féronia, de notre texte odysséen aux rites de ce sanctuaire italiote, les ressemblances sont nombreuses. Féronia, déesse des forêts, est, comme Circé, une déesse aux Fauves : comme la guerre, bellum, a pour déesse Bell-ona, comme la pomme a pour déesse Pom-ona. les fauves, feri, appartiennent à