Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaisseau sur les sables. Mais la caverne est une cache sans rivale pour les marchandises, trésors et provisions de terre et de mer.

Du côté de la terre, le Monte Circeo est longé par le Rio Torto, le petit fleuve sur les bords duquel Ulysse tua le cerf : non loin de là, nos marins signalent la Torre Cervia. Ce Rio n’est qu’un fossé marécageux, encombré de nénuphars, peuplé de moustiques et de libellules, sans largeur, sans profondeur, sans courant ; mais il suit tout le pied du Mont : c’est le dernier reste du détroit qui jadis séparait de l’île le continent fangeux. Le Mont se dresse au-dessus, chargé de taillis et de brousse, couronné d’une margelle de roches et sommé de sa Guette altière à cinq cent quarante mètres d’altitude. La Guette est inaccessible par les autres côtés de l’île ; elle ne peut être atteinte que sur cette façade terrestre, par le même sentier de bûcherons que prenait Ulysse.

L’horizon de la Guette est presque illimité de toutes parts.

A l’Ouest et au Sud, se déploie jusqu’à la Sicile invisible et jusqu’à la Sardaigne, dont les montagnes bleues apparaissent le soir, la mer du grand large, la « mer infinie », le pontos apeiritos du Poète, sur lequel flottent encore aujourd’hui les petites « îles du Large », Pontiae, disaient les Anciens ; Ponza, disent les Modernes.