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l’extrémité Sud des Marais Pontins, cette montagne a l’apparence d’une île quand on la voit à distance », disent les Instructions nautiques. La mer libre en baigne les faces du Sud et de l’Ouest ; les faces de l’Est et du Nord trempent dans les lagunes de la côte et dans les forêts et maquis des Marais Pontins : « Cette montagne de Circé est vraiment insulaire entre la mer et les marais », disait déjà Strabon.

Les marins d’autrefois allaient échouer leurs navires sur la façade Ouest de l’île : une cale s’y offre d’elle-même aux bateaux, qui arrivent de la haute mer ; sous la tour Paola, s’ouvre un étroit chenal vers une lagune intérieure. Les Romains fondèrent leur port de Circéi en cette lagune, qui s’appelle aujourd’hui Cala dei Pescatori, le Port des Pêcheurs. Enclos de tous côtés par la dune et la forêt, ce port offre un excellent refuge aux barques qui savent y pénétrer. Mais il faut bien manœuvrer ; la passe est étroite : c’est un dieu qui pilote le vaisseau d’Ulysse jusqu’aux grèves du fond, où tout se tait, où le flot vient mourir en silence.

Autour de la lagune, subsiste encore une antique forêt de grands chênes, de pins, d’oléastres, d’ormes, d’arbousiers, de cornouillers et de pommiers sauvages, qu’au milieu du siècle dernier, Mercey décrivait ainsi :