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le « vallon sacré », quand Hermès se présente à lui et lui donne la plante salutaire, le molu, qui le préservera des maléfices de Circé. Grâce au molu, Ulysse résiste à la drogue et à la baguette magique ; il dompte la déesse, en la menaçant de son glaive ; tout immortelle qu’elle est, elle redoute les coups ; elle lui offre la moitié de sa couche et, devenu son amant, il obtient d’elle la délivrance de ses compagnons.

Circé, baguette en main, traverse la grand’salle et va ouvrir les tects. Elle en tire mes gens ; sous leur graisse, on eût dit des porcs de neuf printemps… Ils se dressent debout, lui présentent la face ; elle passe en leurs rangs et les frotte, chacun, d’une drogue nouvelle : je vois se détacher, de leurs membres, les soies qui les avaient couverts… La déesse me dit : « Retourne maintenant au croiseur, à la plage ; commencez par tirer à sec votre vaisseau ; cachez tous vos agrès et vos biens dans les grottes ; puis tu m’amèneras tout ton brave équipage ».

Ulysse ramène tous ses gens au manoir de Circé, et l’on demeure le reste de l’année chez cette bonne hôtesse.

Au devant de la côte italienne, entre Rome et Naples, le Monte Circeo dresse toujours sur la mer sa double cime dégagée : « Située à