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Ils trouvent dans un val, en un lieu découvert, la maison de Circé aux murs de pierres lisses et, tout autour, changés en lions et en loups de montagne, les hommes qu’en leur donnant sa drogue, la perfide déesse avait ensorcelés. À la vue de mes gens, loin de les assaillir, ces animaux se lèvent et, de leurs longues queues en orbes, les caressent… Mes gens sont là, debout, sous le porche de la déesse aux belles boucles. Ils entendent Circé chanter à belle voix…

Le chef du détachement, Euryloque, conseille de ne pas entrer. Mais les autres, à grands cris, appellent cette déesse aux Fauves :

Elle accourt, elle sort, ouvre sa porte reluisante et les invite ; et voilà tous mes fous ensemble qui la suivent ! Flairant le piège, seul, Euryloque est resté… Elle les fait entrer ; elle les fait asseoir aux sièges et fauteuils ; puis, leur ayant battu dans son vin de Pramnos du fromage, de la farine et du miel vert, elle ajoute au mélange une drogue funeste, pour leur ôter tout souvenir de la patrie. Elle apporte la coupe : ils boivent d’un seul trait. De sa baguette, alors, la déesse les frappe et va les enfermer sous les tects de ses porcs. Ils en avaient la tête et la voix et les soies ; ils en avaient l’allure ; mais, en eux, persistait leur esprit d’autrefois…

Euryloque revient au vaisseau et fait son rapport. Ulysse décide d’aller rechercher ses gens ; il quitte le navire et la mer pour monter vers la « belle demeure ». Il venait de passer