Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaine. Entre le port et la haute guette, une forêt et un fleuve servent de remise et d’abreuvoir au gibier :

Quand du troisième jour l’Aurore aux belles boucles annonce la venue, je prends à bord ma pique et mon estoc à pointe et, quittant le vaisseau, je grimpe à la vigie : je pensais voir de là quelque œuvre des humains, entendre quelque voix. Me voici sur le roc de la guette, au sommet : il monte une fumée du sol aux larges routes. Mon esprit et mon cœur ne savent que résoudre : irai-je m’informer, maintenant que j’ai vu ce feu, cette fumée ?… Tout compté, le parti le meilleur me sembla de regagner d’abord le navire et la plage, de donner le repas, puis d’envoyer mes gens reconnaître les lieux.

Je rentrais au croiseur, et j’allais arriver sous le double gaillard, lorsque, prenant pitié de mon isolement, un dieu met sur ma route un énorme dix-cors, qui, du pâtis des bois, descendait boire au fleuve… Je le frappe en plein dos du bronze de ma pique.

Ulysse rapporte au vaisseau cette lourde proie. Il réveille les compagnons. On dépouille et l’on rôtit la bête. On passe la journée au festin. Mais le lendemain, dès l’aube, Ulysse partage ses gens en deux bandes. L’une reste avec lui au bord de la mer, près du vaisseau ; l’autre, sous le commandement d’Euryloque, monte à l’intérieur, à travers la plaine forestière, jusqu’au pied des monts :