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(Lotophages) et mangeurs d’hommes (Cyclopes et Lestrygons), monstres (Charybde et Skylla), dieux capricieux (Éole), déesses magiciennes (Circé), nymphes perfides (Sirènes) ou jalouses (Calypso) ; quand il en reviendra après dix-sept jours de navigation, c’est à une nuit d’Ithaque seulement qu’il retrouvera des humains, un peuple hospitalier, les Phéaciens de la charmante Nausicaa et du bon roi Alkinoos.

Juste au milieu de ses plus terribles aventures, il arrive chez Circé, après s’être enfui du port des Lestrygons, qui lui ont fracassé sous leurs blocs de pierres cinq navires de son escadre et qui en ont dévoré les « compagnons ». Il n’a plus que son propre vaisseau et quarante-cinq hommes de son équipage :

Nous reprenons la mer, l’âme navrée, contents d’échapper à la mort, mais pleurant les amis. Nous gagnons Aiaié, une île qu’a choisie pour demeure Circé, la terrible déesse douée de voix humaine… Nous arrivons au cap et, sans bruit, nous poussons jusqu’au fond du mouillage : un dieu nous pilotait ; sans tarder, on débarque et, deux jours et deux nuits, nous restons étendus, accablés de fatigue et rongés de chagrin.

Au-dessus du port, une guette élevée permet de découvrir la mer infinie et une grande