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Nous pouvons voir comment, durant les derniers siècles, la thalassocratie « franque » avait vulgarisé les Portulans de Marseille : de 1792 à 1830, toutes les marines méditerranéennes copiaient le Portulan de Henry Michelot, ancien pilote hauturier sur les galères du Roi. Mais avant Michelot, les Français copiaient, dit Michelot lui-même dans sa Préface, les cartes et documents hollandais, sans même en corriger les fautes les plus choquantes : « Les cartes hollandaises sont remplies de fautes qui paraissent surtout dans les différents Miroirs de Mer. On y donne des démonstrations de côtes et plusieurs plans de ports, havres et baies, qui font connaître que leurs auteurs n’ont jamais été sur les lieux ».

C’est que les Miroirs des Hollandais avaient copié déjà les portulans espagnols, portugais ou italiens, qui n’étaient eux-mêmes que la copie ou la mise au point des Routiers et Voyages du Moyen-Age et des périples de la Grèce et de Rome. Les marines classiques à leur tour avaient traduit les Périples antérieurs de Carthage, de Tyr ou d’ailleurs : un périple carthaginois d’Himilcon, traduit d’abord en grec à une époque inconnue, fut mis en vers latins par un poète de l’extrême décadence, R. Aviénus, au ve siècle après J.-C. ; un autre périple carthaginois, celui d’Hannon, nous est parvenu