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a traduit textuellement les instructions du Mediterranean Pilot, en les complétant à l’aide des renseignements publiés depuis cette date par le Bureau hydrographique de Londres.

La thalassocratie anglaise répandait ainsi ses Pilots non seulement en Europe, mais dans l’univers, aux temps où Allemands, Japonais et Américains n’avaient pas encore entrepris d’enlever à Britannia le monopole ou, tout au moins, une bonne part du commerce et de la police des mers. Que serait-il advenu si les victoires escomptées par Guillaume II et son peuple avaient rendu aux Rotterdam, Brême, Hamboug et Stettin d’aujourd’hui le rôle qu’avait tenu jadis la Ligue hanséatique ?…

Il est probable que la Seekunde méticuleuse et chaque jour complétée ou revisée de ces nouveaux-venus aurait réduit des trois quarts la clientèle des Pilots : la scientifique et patiente Allemagne aurait annexé cette branche du savoir et de la technique à ses grandes entreprises de librairie, comme elle avait annexé déjà la physique, la chimie, l’optique, la fabrication des colorants et tant d’autres savoirs ou trafics, dans lesquels l’Angleterre de 1850 avait encore la primauté… Les Phéniciens furent les Anglais des mers levantines, dont les Hellènes devinrent ensuite, mais avec un plein succès, les Allemands.