Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait dû à plus forte raison lui emprunter un autre genre de récits beaucoup plus utiles à son peuple de navigateurs.

Durant les vingt-cinq siècles que nous connaissons de l’histoire méditerranéenne, les marines successives se sont toujours emprunté les unes aux autres, non seulement leurs routes et leurs recettes de navigation, mais aussi leurs livres de métier tant pour la construction que pour la manœuvre et le pilotage des vaisseaux.

Elles se sont volé ou copié de l’une à l’autre ces « routiers » de la mer que les Français appellent aujourd’hui Instructions nautiques et les Anglais, Pilots, que d’autres ont appelés Portulans ou Miroirs de la Mer : les Anciens disaient le plus habituellement Périples. Les marines nouvelles ou secondaires ont toujours recouru aux livres et cartes de leurs prédécesseurs ou de leurs maîtres. En notre temps de « thalassocratie » britannique, tous les ouvrages d’hydrographie marine invoquent l’autorité des Pilots anglais :

Cet ouvrage, — disent nos hydrographes dans un Avertissement de leurs Instructions nautiques, — contient la description des côtes occidentales de l’Italie. On s’est servi du Mediterranean Pilot de l’amirauté anglaise, livre en usage à bord des bâtiments de la flotte italienne. Pour les îles de Malte et de Gozo, on