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emprunt fait par les Hellènes aux Sémites : le nektar est le niktar, le vin « parfumé », que les Sémites offrent à leurs dieux ; les Grecs n’oublièrent jamais que le nectar est un vin de Babylonie.

L’ambroisie porte un nom grec, mais semble avoir été de même origine.

La légende chaldéenne d’Adapa (nous en avons une version sur des tablettes cunéiformes du xiiie siècle) ressemble étrangement à l’histoire d’Ulysse chez Calypso. Adapa est le fils du dieu Éa. Mais il n’est pas dieu. Il n’a pas le don d’immortalité. Il n’a pas le droit de pénétrer dans le ciel d’Anou. Il y pénètre cependant… Grand scandale ! un homme mortel chez les dieux ! Il faut le châtier sévèrement ou le rendre immortel en lui donnant la « nourriture de vie ». Anou prend ce dernier parti. Il tend à Adapa une coupe et dit : « La nourriture de vie, qu’il en mange ! » Mais Adapa la refuse. On lui offre la boisson de vie ; mais il la refuse. On lui offre un vêtement, et il s’en habille. On lui offre de l’huile, et il s’en oint. Alors Anou gémit sur lui : « Adapa, pourquoi n’as-tu pas mangé ? pourquoi n’as-tu pas bu ? tu n’auras plus maintenant la vie éternelle ? » Puis, il renvoie Adapa dans son pays, comme la nymphe renvoie Ulysse, avec les habits immortels qu’il a revêtus.