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En 1798 notre maison croulait[1], et le malheur que j’avais prévu vint me porter un des coups les plus affreux que j’aie jamais reçus.

Élevé par ma tante dans des principes de rigoureuse probité, je faillis tomber malade de désespoir, à l’idée d’une catastrophe que je n’avais pu que retarder, et dont j’avais peur de paraître responsable. En effet, les capitalistes s’étaient habitués à me compter pour beaucoup dans la confiance qu’ils accordaient à la maison, bien que depuis un an j’eusse cessé d’y travailler. La plupart se crurent en droit de m’adresser des reproches que je ne méritais d’aucune façon. Si mon père, naturellement prodigue, dépensait trop, je n’étais pas une lourde charge

    pas à la ranger parmi les petits chefs-d’œuvre du récit à la française, et nous la recommandons à l’attention de tous les amateurs de la bonne littérature. » (Revue des Deux-Mondes du 1er janvier 1858.)

  1. Le père de Béranger, qui fit tant de métiers, aurait fini par réussir dans les opérations de banque qu’il avait entreprises sous le Directoire. Ce fut l’une des crises financières dues à l’incapacité du gouvernement qui détermina sa ruine, et elle ne fut complète que parce que la plupart de ses débiteurs le trompèrent. Son naturel généreux et confiant fut réellement la principale cause de son infortune. « Il fut malheureux dans tout cela, lisons-nous dans une lettre particulière, écrite par un vieil ami de Béranger qui, plus âgé que lui, lui a survécu. Il a eu à supporter des escroqueries de la part d’individus auxquels il avait prêté de grosses sommes. Il a été volé sur un prêt de diamants qu’il avait fait. Le directeur du théâtre de l’Ambigu, Picardeau, auquel il avait fait un prêt de 30,000 francs, fit banqueroute. Mais, si le père de Béranger n’eût pas succombé, s’il fut devenu riche, aurions-nous eu Béranger ?