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moins, à ce que m’a assuré la personne d’après qui je parle, les préfets le firent plusieurs fois prier de les venir trouver. Sans se révolter contre ces injonctions polies, il ne s’y soumettait qu’à la dernière extrémité et comme un homme obligé de plier devant ses inférieurs. Sans doute, plein des idées qu’on lui avait transmises, il avait foi en lui-même, et il ne me paraît pas moins respectable que d’autres prétendants. S’il n’est plus, il a sans doute laissé un héritier de la couronne, aussi convaincu que lui des droits du Masque de fer et des siens.

Qu’on ne s’imagine pas que je parle de quelques relations élevées que nous donnait notre genre d’industrie pour affaiblir ce qu’il avait de pénible et de désagréable. Nous n’avions que trop de rapports avec les classes inférieures et avec les malheureux.

L’état du Trésor, l’avilissement extrême du papier-monnaie, l’argent redevenu le besoin impérieux de toutes les transactions, faisaient que le Mont-de-Piété, cet établissement qu’une meilleure organisation rendrait plus utilement secourable, avait cessé d’être la ressource du pauvre. C’était donc aux maisons particulières de prêt, forcément tolérées, que l’ouvrier s’adressait ainsi pour obtenir un argent qu’on lui vendait bien cher. Je ne serais pas né compatissant que je le serais devenu en face de tant de misères que nous devions accroître en les secourant. Je