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prétentions qui en résultaient, il faudrait que le Masque de fer eût laissé des héritiers.

« Il en a laissé, grâce à Dieu, répliqua M. de la Carterie. Apprenez qu’élevé d’abord en Normandie, il y fut peu surveillé. Avant vingt ans, il contracta un mariage secret avec une jeune personne de famille noble et en eut un fils que l’infortuné ne connut pas, car c’est de l’époque de ce mariage que date le rigoureux emprisonnement qui l’a rendu si célèbre. Ce fut alors aussi que sa femme sut de quel sang il était et sentit la nécessité de cacher à tous les yeux l’enfant qu’elle en avait eu, de peur qu’on ne traitât le fils comme le père, et plus mal encore. Cet enfant, élevé avec un soin tout particulier, n’eut la connaissance de ses droits que lorsqu’il fut en âge d’en garder le secret, qui lui fut transmis avec tous les actes constatant les faits que je viens de vous rapporter. Cet héritage a passé aux aînés des descendants jusqu’à ce jour.

— Et quel est aujourd’hui l’heureux mortel qui jouit d’un tel honneur ?

— C’est un homme âgé d’à peu près trente ans qui porte le nom de Vernon et habite un château en Bretagne, où beaucoup de ses fidèles sujets se font un devoir de le visiter. Il jouit là du respect de ceux même qui ignorent sa royale origine, tant son esprit, son éducation et son extérieur majestueux