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Quelques heures après que Béranger eut succombé, le ministre d’État fit savoir que le gouvernement, désirant honorer le poëte par un témoignage public, se chargeait du soin des funérailles. L’État remplaçait la famille absente, et l’exécuteur testamentaire n’avait plus de mission à remplir. Il fit remettre au ministre la copie de la lettre où Béranger, exprimant son dernier vœu, souhaitait que ses funérailles pussent répondre par leur simplicité aux habitudes de toute sa vie. Le gouvernement prit sur-le-champ ses mesures, il s’arma du vœu du poëte, et dans la nuit même fut posée cette affiche.

« OBSÈQUES DE BÉRANGER.

« La France vient de perdre son poëte national !

« Le gouvernement de l’Empereur a voulu que les honneurs publics fussent rendus à la mémoire de Béranger. Ce pieux hommage était dû au poëte dont les chants, consacrés au culte de la patrie, ont aidé à perpétuer dans le cœur du peuple le souvenir des gloires impériales.

« J’apprends que des hommes de parti ne voient dans cette triste solennité qu’une occasion de renouveler des désordres qui, dans d’autres temps, ont signalé de semblables cérémonies.

« Le gouvernement ne souffrira pas qu’une manifestation tumultueuse se substitue au deuil respectueux et patriotique qui doit présider aux funérailles de Béranger.

« D’un autre côté, la volonté du défunt s’est manifestée par ces touchantes paroles :

« Quant à mes obsèques, si vous pouvez éviter le bruit public, faites-le, je vous prie, mon cher Perrotin. J’ai horreur, pour les amis que je perds, du bruit de la foule et des dis-