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seront présents de ne pas permettre qu’on prenne aucun moyen de conserver mes restes. Je les prie aussi de me faire enterrer le plus simplement possible, dans le cimetière le plus voisin. De plus, je leur recommande expressément de ne donner connaissance de ma mort aux journaux que lorsque l’inhumation sera terminée. » Béranger ajoutait : « Je recommande aussi, j’ordonne même, s’il me convient d’employer ce mot, que toutes les lettres qu’on pourra trouver dans mes tiroirs de secrétaire, de commode, dans tous les coins de mon logis, soient brûlées à ma mort, sans qu’il en soit distrait d’autres que celles qui seraient relatives à mes affaires particulières.

« Béjot et Perrotin sont les exécuteurs testamentaires du testament que je laisse tout en faveur de Judith, ma vieille amie. »

Ce codicille est du 1er mars 1851.

Après la mort de mademoiselle Judith, Béranger écrivit un second testament d’une main déjà tremblante :

« Paris, le 18 mai 1857.

« Ceci est mon testament.

« J’institue et nomme, par le présent, M. Perrotin (Charles-Aristide) mon légataire universel, et lui donne en conséquence la totalité des biens que je laisserai au jour de mon décès[1].

« De Béranger. »

Ces tristes pages écrites, il attendit. Le jour où mademoiselle Judith fut enterrée, il voulut la suivre jusqu’à la tombe ; il ne

  1. La modeste fortune de Béranger a été partagée par son légataire universel entre les personnes auxquelles Béranger lui-même l’eût répartie. Les rentes sur lesquelles quelques pauvres vieillards comptaient chaque mois leur sont assurées, et, pour ne pas laisser disperser au hasard le mobilier du poëte, son légataire l’a conservé, mais après en avoir fait estimer le prix et en avoir consacré la valeur à une bonne œuvre.