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aussi décroître peu à peu sa modeste aisance. Les besoins avaient augmenté rapidement dans une maison si ouverte et si généreuse.

En 1850, Béranger quitta Passy et se décida à se mettre dans un appartement de pension bourgeoise. Cette pension était d’abord dans le haut de la rue d’Enfer, près du Luxembourg. Peu de temps après, il alla vivre à Beaujon, il y passa ses trois dernières années de santé et de bonheur. Il marchait encore bien, il avait toute sa mémoire, toute sa gaieté, et recevait avec la même joie ses amis.

C’est à Beaujon qu’il fit ses derniers vers : la noble pièce de l’Adieu, qui clôt le volume posthume, et celle-ci, écrite vivement pour un dernier anniversaire de fête :


LA RIME
Air : Va-t’en voir s’ils viennent.


Quels chants n’avons-nous pas eus
        À fête pareille !
Mon cœur, fidèle aux vieux us,
        Me crie à l’oreille :

        Cours après la rime,
                        Cours,
        Cours après la rime.

bis.


Mais la rime sans pitié
        Me devient rebelle ;
Elle fuit… tendre amitié,
        Cours vite après elle.
        Cours après, etc.

Raison, qui la querellais,
        Deviens plus bénigne ;
Tu peux, faute de filets,
        La prendre à la ligne.
        Cours après, etc.

Fais-la se rendre à mes vœux,
        Toi, peu timorée,