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ploiera à servir la République. — Mon Dieu ! vous ne voulez donc pas entendre raison ? Votre République n’a plus six mois à vivre ; je vous l’ai déjà dit : nos maîtres légitimes vont rentrer.

« Un de ceux qui, dans Paris, préparent leur retour, M. le comte de Clermont-Gallerande[1], me l’assurait encore il y a peu de jours, et c’est l’avis du jeune comte de Bourmont[2], qui combat pour eux dans la

  1. Le marquis de Clermont-Gallerande, issu des Clermont du Beauvoisis, est né à Paris en 1744 (30 juillet), et mort en 1825 (16 avril). Maréchal de camp en 1784, il fit partie, depuis le 9 thermidor jusqu’au 18 brumaire, du conseil chargé de veiller en France aux intérêts de Louis XVIII. Pair de France dès les premiers jours de la Restauration (4 juin 1814), il a laissé des Mémoires publiés en 1825. Ces Mémoires forment 5 volumes in-8o qui ne sont pas sans intérêt, quoiqu’ils n’aient pas une bien grande valeur historique, et que l’écrivain s’y montre presque partout homme de parti mal informé.
  2. M. de Bourmont (Louis-Auguste-Victor, comte de Ghaisne de), né le 2 septembre 1775, n’avait que sept ans de plus que Béranger. On sait qu’après avoir combattu dans la Vendée il fut emprisonné sous le consulat, s’échappa de sa prison de Besançon et passa en Espagne, où il prit du service dans l’état major de Junot quand nos troupes eurent à battre en retraite devant les Anglais. Rallié dès lors au drapeau tricolore, il gagna le grade de général de division au combat de Nogent, en 1814, dans la campagne sacrée. En 1815, il hésitait à reprendre du service. Ses amis disent qu’il ne s’arma qu’en croyant le sol de la patrie menacé d’un morcellement par l’ennemi, et que ce fut parce qu’il fut rassuré que le 15 juin, la veille de la bataille de Ligny, il mit son cheval au galop en dehors de nos lignes. Sa conduite en juillet et en août fut honorable. Il empêcha l’ennemi d’occuper une partie de la Flandre. L’expédition d’Espagne s’acheva, en 1823, sous son commandement. Ministre de la guerre dans le cabinet Polignac, il prépara l’expédition d’Algérie et donna l’Algérie à la France. Il rentra dans sa patrie